Music In Belgium

Il est toujours surprenant de voir l’incroyable retentissement international acquis par le Blues depuis ses origines dans les champs de coton du Sud des Etats-Unis. Pourtant, le drame de l’esclavage n’apparaît plus du tout ou, au mieux, d’une manière purement accessoire dans la vie et dans la tête de ceux qui le font encore vivre aujourd’hui. En tout cas, à tous les niveaux, son influence reste considérable et de multiples formations se constituent constamment un peu partout à travers le monde. Né sous le ciel de Stockholm (Suède), Emil & The Ecstatics fait partie de ce grand troupeau.

En Europe, le British Blues Boom avait revigoré le genre dans les années 1960 et 1970. Depuis, il peine à se régénérer et l’originalité devient de plus en plus rarement de mise. Si, dans l’ambiance d’une salle de concert, le public accroche souvent à cette musique de tripes, sur disque, la magie apparaît moins automatique.

C’est un peu le problème avec Emil & The Ecstatics. On sent bien que l’on pourrait passer une bonne soirée en concert avec eux, mais leur CD, leur troisième depuis 2004, ne possède pas toujours le souffle suffisant pour passionner de bout en bout. Bien que les compositions soient reprises sous le nom du leader suédois, le pompage dans des répertoires plus anciens est évident et la dispersion dans différents courants du genre est large. Il n’empêche, quelques titres ne manquent vraiment pas d’intérêt.

De plus, le chant d’Emil Arvidsson ne laisse jamais indifférent. Et il pourrait en tirer plus encore s’il n’assurait seul, très bien d’ailleurs, les parties de guitares. A mon sens, un guitariste supplémentaire n’aurait sûrement pas nui, tout comme plus de feu ou de folie dans le chef de l’organiste.

A l’écoute de tous ces titres, vous reconnaîtrez quelques influences bien précises : parmi les Anciens, Fats Domino, Muddy Waters, Robert Johnson, Willie Dixon, … parmi les acteurs du British Blues Boom, John Mayall et consorts, Brian Auger, Graham Bond, … parmi d’autres encore, The Shadows, John Cippolina, … et aussi un brin de Soul et de Rock-A-Billy.

Mon titre préféré reste le dernier, « Terms of Purchase ». Il s’agit d’un Blues proche des origines et de l’interprétation puriste que voulait en donner des gens comme John Mayall, Peter Green ou Eric Clapton. Emil Arvidsson y est divin, seul à la guitare et au chant.

Un des rares titres sans vocaux, « The Spook » sort également du lot. De bout en bout, notre homme s’éclate avec brio à la guitare, mêlant habilement le jeu de Hank Marvin (Shadows) et celui de John Cippolina (Quicksilver Messenger Service). Ce dernier laisse également quelques fortes traces dans «Highway 4 ».

Autre bons moments : le nerveux « Bit by Bit », le poignant « Cryin Wont Help You » et « The Hula ».

En conclusion, Emil & The Ecstatics est à classer dans la catégorie des bons petits groupes du genre, sans grande personnalité, mais indiscutablement capable d’offrir un bon moment à son public. Le 28 mars 2009, on les retrouvera au Hookrock Indoor Festival de Hasselt et le 29, au Café BP.